Ce mercredi 14 février, le Premier ministre Gabriel Attal était à Villejuif, dans le Val-de-Marne, pour – enfin – parler logement ! Accompagné par Christophe Béchu, Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, et de Guillaume Kasbarian, ministre délégué chargé du Logement récemment nommé, le Premier ministre a présenté une liste de « 22 territoires engagés pour le logement » sur lesquels devraient être créés 30 000 nouveaux logements d’ici la fin du quinquennat. Pour autant, ces objectifs frileux peineront sans doute à répondre aux besoins tant ceux-ci sont importants.
Crise du logement : les voyants sont au rouge
« Le logement est un enjeu majeur pour le quotidien des Français » déclarait mercredi 14 février Gabriel Attal à l’occasion d’un déplacement à Villejuif sur un chantier de construction. Au-delà des mots, les chiffres témoignent en effet de l’ampleur de la crise majeure que traverse le secteur et sur laquelle nombre de Français et associations, dont l’Unafo, alertent depuis de nombreuses années. Ainsi, selon la Fondation Abbé Pierre, 2,4 millions de ménages étaient en attente d’un logement social en 2022, 330 000 personnes sont sans-domicile et 5,7 millions de personnes consacrent plus de 35 % de leurs revenus à leurs dépenses de logement. Par ailleurs, la construction est en berne et le nombre d’agréments accordés pour la construction de nouveaux logements sociaux est historiquement bas avec 85 000 nouveaux logements autorisés en 2023 d’après les chiffres de l’Union sociale pour l’habitat. Et les perspectives de sorties de crise peinent à émerger et ont même été douchées lors du discours de politique général durant lequel le Gabriel Attal annonçait vouloir intégrer le logement intermédiaire aux quotas fixés dans le cadre de la loi SRU.
22 territoires, 30 000 logements, mais pas de soutien financier …
C’est dans ce contexte que le Gouvernement annonce depuis quelques jours un « choc de l’offre », et le Premier ministre d’aller plus loin en promettant à Villejuif de « se battre centimètre par centimètre, mètre carré par mètre carré pour aller chercher du logement pour les Français » et d’ « aller chercher tous les logements possibles avec les dents ». Le Gouvernement aurait-il enfin pris la mesure de l’importance de la crise de notre secteur et de l’impérieuse nécessité de soutenir une ambitieuse relance de la construction notamment à destination des personnes les plus en difficultés ? Une première graine vient en tout cas d’être plantée avec la présentation de 22 territoires engagés dans la production de 30 000 nouveaux logements d’ici 2027, soit environ 1 500 par territoire, dont au moins 25% de logements sociaux. Ces territoires issus d’une soixantaine de candidatures sont localisés sur des secteurs présentant une forte tension immobilière, sur des quartiers de gare ou sur des territoires accueillant un projet économique ou industriel d’envergure. Ces opérations bénéficieront notamment de mesures de simplification à l’image des mesures d’exception octroyés dans le cadre des Jeux olympiques et paralympiques, il n’est toutefois pas prévu d’enveloppe financière dédiée par le Gouvernement.
Par ailleurs, le Premier ministre a appelé à « innover par tous les moyens pour sortir du logement », pour cela plusieurs pistes sont à l’étude avec l’appui de la Banque des territoires. Il s’agirait par exemple de travailler sur des projets de surélévation des bâtiments en Ile-de-France et de développer des projets de « densification douce, maitrisée et acceptable » des zones résidentielles. Sera également à l’étude la transformation de bureaux en logements dont la « manne » est estimée à 4,4 millions de m² pour la seule Ile-de-France. Enfin, si Gabriel Attal a renouvelé « son attachement à augmenter le nombre de logements pour les classes moyennes » les mesures en faveur des personnes en situation de précarité ne sont pas au cœur des annonces.
Quelle place pour le logement accompagné ?
Si les objectifs annoncés sont évidemment bien en deçà des besoins, ce plan marque un premier pas pour des zones en tension et économiquement dynamiques auquel le secteur du logement accompagné souhaite prendre une part active. L’Unafo appelle pour cela à intégrer pleinement la construction de nouveaux logements accompagnés dans ces 22 territoires pour participer à l’atteinte des objectifs de 25% de logements sociaux. Notre secteur, déjà très impliqué dans les questions de dynamique emploi/logement et dans la construction de solutions adaptées aux besoins des territoires, saura être un partenaire constructif et ambitieux des différentes parties prenantes pour proposer des projets de résidences pleinement intégrées et actrices du territoire qui permettront par exemple de loger jeunes travailleurs ou saisonniers avec un accompagnement adapté à leurs besoins.
Face à l’ampleur de la crise l’Unafo croit en la force du collectif et du partenariat mais cette dynamique ne peut être soutenue que par une ambition et une stratégie politique forte couplée à des moyens financiers à la hauteur des enjeux sans quoi tout espoir d’éclaircie restera un vœu pieux.