Le 30 janvier le Premier Ministre a présenté, devant un hémicycle chahuteur, la politique qu’il entend mener dans le cadre des annonces déjà faites par le Président de la République. Ce n’est qu’après 30 minutes d’intervention qu’il a abordé le thème du logement. Pas sûr que les annonces soient à la hauteur des enjeux et des besoins.
Le discours de politique général du Premier Ministre comportait 4 priorités d’action :
- pour que le travail paie mieux
- pour que les services publics soient accessibles et de qualité
- pour l’autorité
- pour un environnement plus respirable
Simplifier à tous les étages
Alors que son gouvernement ne comporte à ce stade aucun ministre du Logement et que la crise du logement devient une réalité concrète que vivent nombre de nos concitoyens, le Premier Ministre était attendu sur ces sujets. « S’il est un secteur qu’il faut déverrouiller, c’est bien le logement ». Le Premier ministre s’engage à « un choc d’offre » via la « simplification des normes, l’accélération des procédures et l’évolution du monde du logement social ». L’Unafo fera des propositions pour simplifier au maximum les procédures et faire en sorte que cette complexité ne vienne plus retarder des projets de production ou de transformation de logement accompagné.
Des territoires engagés
Confirmant ce qui avait été lancé par le Ministre Patrice Vergriete, 20 territoires engagés seront désignés avec l’objectif de produire 30 000 nouveaux logements en 3 ans, avec des procédures accélérées sur le modèle de ce qui a pu se faire dans les territoires des jeux olympiques. Dans ces territoires, l’ancien Ministre avait montré sa volonté d’obliger d’y inclure du logement accompagné, notamment pension de famille et résidence sociale. L’Unafo y fera particulièrement attention.
Un vrai soutien au logement social ?
Tout en affirmant qu’il souhaite soutenir le logement social, deux mesures nourrissent dès à présent de nombreuses inquiétudes: il souhaite, d’une part, donner aux maires la main sur la première attribution d’un logement social neuf et, d’autre part, intégrer le logement intermédiaire dans les quotas de la loi SRU.
Les réactions ne se font pas attendre sur cette dernière mesure qui revient à mettre un terme à la loi SRU. Ainsi, Nathalie Appéré, maire de Rennes, considère qu’il s’agit « d’une étape de plus dans la fragilisation du logement social. Une lourde erreur qui ne fera que renforcer le mal logement. » Pour Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat « le Premier ministre a parlé logement. C’est une chose. Mais ses réponses sont insignifiantes. Déception et colère que l’ampleur de la crise ne soit pas prise au sérieux ! Quant à la remise en cause de la loi SRU, c’est une faute morale. » Enfin, pour Manuel Domergue, directeur des études à la Fondation Abbé Pierre, « les maires qui refusent d’accueillir des pauvres et des mal logés pourront éviter les attributions aux ménages prioritaires, appliquer la préférence communale et respecter la loi SRU en faisant du logement non social pour les cadres, dit intermédiaire. »
Encore plus de difficultés pour produire des résidences sociales
Cette atteinte à la loi SRU va rendre encore plus compliquée la production de logement social en général, et de logement accompagné en particulier. Alors que l’on connaît la difficulté pour nos adhérents de convaincre les élus et que le fait que le logement accompagné entre dans le périmètre de la loi SRU pouvait en convaincre certains, les élus préféreront sans nul doute produire du logement intermédiaire. Alors que l’Unafo attendait la confirmation de la volonté du gouvernement de développer le logement accompagné, cette mesure annoncée va au contraire contribuer à rendre ce développement encore plus difficile.