Présente à Rennes en décembre 2019 lors des Rencontres Nationales de l’Unafo pour la présentation en avant-première de l’étude sur l’utilité sociale du logement accompagné, Juliette Baronnet revient sur ces principaux enseignements.
- On n’a jamais autant parlé d’utilité sociale que ces dernières années. Pourquoi ?
Dans un contexte de contrôle accru des dépenses publiques et de montée en puissance du secteur de l’économie sociale et solidaire, l’utilité sociale connaît un regain d’intérêt depuis le début des années 2000. Les variantes sémantiques sont nombreuses (impact social, valeur ajoutée, plus-value sociale…) et illustrent le flou qui entoure la notion. Le choix des termes n’est pas neutre : il témoigne des évolutions des politiques publiques, et de la porosité des frontières entre secteur public et secteur privé. En témoigne notamment le lancement en 2016 des Contrats à Impact Social (CIS)…
- En quoi est-ce important de s’interroger aujourd’hui sur l’utilité sociale du logement accompagné ?
Le secteur associatif est contraint par de nouvelles logiques de financement et doit donc demeurer vigilant à l’égard d’une tendance à la normalisation des pratiques de mesure de l’utilité sociale qui pourrait contribuer à rigidifier leur projet social – voire à conditionner leur existence. Or, c’est bien la capacité d’adaptation du logement accompagné à l’évolution des besoins sociaux et aux territoires qu’il faut valoriser et préserver. C’est pourquoi il importe aujourd’hui que le secteur aille au-devant des exigences de rendu-compte de la part des pouvoirs publics pour produire son propre référentiel d’évaluation et contribuer ainsi à faire reconnaître et valoriser son apport à la société.
- Les 4 dimensions définies par l’Unafo vous semblent-elles cohérentes ?
Oui d’autant plus que chaque dimension complète et se nourrit de l’autre. « La réduction des inégalités économiques et sociales » renvoie principalement à la fonction logement du secteur, une dimension a priori bien connue des partenaires. « L’inclusion des personnes par un accompagnement de proximité et un logement adapté » vient rappeler que, à l’heure du Logement d’abord, les résidences sociales offrent aux résidants un équilibre précieux entre autonomie dans le logement et sécurité d’une gestion locative adaptée. La « réactivité face aux enjeux socio-démographiques » est réelle et se traduit par une élasticité de l’offre proposée par les adhérents de l’Unafo mais c’est aussi un des éléments qui contribuent à alimenter les défauts de lisibilité du secteur. Cette dimension serait donc à mettre davantage en exergue. Enfin, si la dimension territoriale et économique de l’utilité sociale du secteur est diversement partagée au sein de l’Union, elle traduit néanmoins la place désormais occupée localement par certains adhérents en tant qu’acteur du développement des territoires – en écho à des politiques ou une stratégie d’habitat portée par les collectivités.
« C’est la capacité d’adaptation du logement accompagné à l’évolution des besoins sociaux et aux territoires qu’il faut valoriser et préserver »