Alors que la production des résidences sociales n’a pas été à la hauteur des dernières années, Action Habitat a souhaité aller à la rencontre d'élus, dont le rôle est déterminant pour lever les obstacles que rencontrent les acteurs sur le terrain, pour mieux comprendre leur vision de l’utilité sociale du Logement Accompagné.
Nous sommes persuadés que le logement accompagné est un dispositif d’avenir.
Entretien avec Maryline Czurka, Adjointe au maire de Vitrolles, Élue aux Solidarités
« Le Logis des Jeunes » est un Foyer de Jeunes Travailleurs (FJT), géré par l’AAJT, adhérent de l’Unafo, qui a vu le jour à Vitrolles en 2017. Dans quelle stratégie globale de prise en charge des publics précaires la réalisation de ce dispositif s’inscrivait-elle ?
La commune de Vitrolles a une population particulièrement jeune et compte deux quartiers prioritaires comptant plus de 40% de moins de 25 ans. Avec ses zones d’activités, la ville constitue également un bassin d’emploi important, avec un indice de concentration élevé de l’emploi (à raison de 1,68 emploi pour un actif résident occupé). Enfin, les niveaux de qualification des vitrollais et, notamment, des jeunes sont plutôt plus faibles qu’au niveau départemental (même si ces niveaux s’accroissent tendanciellement) : ainsi en 2020 parmi les jeunes accompagnés par la Mission locale, la majorité avait un niveau bac (niveau IV) ou CAP/ BEP (niveau V) et une part importante avec un niveau inférieur au CAP/BEP.
Il y avait donc un vrai besoin de logement adapté pour les jeunes modestes voire précaires ?
Vitrolles compte plus de 30% de logement social mais un très faible nombre de petits logements (3% de T1 seulement et 11% de T2) adaptés aux jeunes souhaitant décohabiter. Au regard de ces éléments et des éléments de diagnostic de la Mission locale et de l’expérience d’un premier FJT, le projet social a été constitué en lien avec le bailleur social et les partenaires du territoire. Il s’agissait effectivement d’accueillir et d’accompagner les jeunes en formation, en emploi ou en demande d’emploi, et d’apporter une réponse aux jeunes souhaitant décohabiter et/ou en rupture sociale et familiale. L’implantation de la Mission locale et la connaissance fine des publics en fait un partenaire de premier plan.
Comment le projet s’est-il construit ? L’approche a été plutôt collective, non ?
En fait, la commune de Vitrolles comptait déjà un FJT positionné d’une part en diffus et d’autre part sur un site identifié à Fontblanche, ce qui n’était pas un mode de gestion optimal. Quand en 2013 le bailleur social Logis méditerranée a souhaité travailler sur un nouveau site « Mercadier », une consultation a été lancée pour la réalisation d »un programme mixte qui comprendrait à la fois des logements sociaux, les bureaux administratifs du bailleur, et une résidence sociale de type FJT. L’AAJT a répondu à l’appel à projets du bailleur pour définir les contours du projet social. Un comité de pilotage réunissant entre autres la Ville, la CAF, l’État, le département, la Mission locale Est Étang de Berre et le Logis des Jeunes a permis de réaliser un diagnostic partagé des besoins et d’accompagner le porteur sur la définition du projet. Cette démarche partenariale riche a permis de partager les éléments de diagnostic et de réunir les partenaires autour d’un projet social en lien avec le projet bâtimentaire.
Comment décririez-vous la dynamique qui s’est mise en place au niveau du FJT ?
En plus de l’équipe du site (animateurs, travailleur social, agents d’entretien, gardien, etc.) le FJT peut s’appuyer sur un partenariat local riche : le pôle Habitat-Logement de la Ville, le CCAS, la Mission locale (avec un travail fin de partenariat et des passerelles très régulières, notamment concernant les jeunes intégrant la Garantie jeunes donc en situation de précarité), mais également le Point accueil écoute jeunes, l’ADDAP 13 (éducation spécialisée), etc. Cette pluralité d’acteurs permet un accompagnement global des jeunes sur les questions d’insertion, de budget, de santé…
Quelle place occupe le Logis des Jeunes aujourd’hui ?
Ce dispositif est majeur sur la commune et répond à de réels besoins quant au logement des jeunes. Le maillage fin entre travailleurs sociaux (CCAS et/ou ADDAP13), la Mission Locale et le FJT permet une réactivité dans la prise en charge de certaines situations. L’accompagnement proposé, le cadre, la centralité du FJT permettent d’apporter une réponse aux besoins de certains jeunes.
Pensez-vous que ce type de dispositif soit suffisamment utilisé aujourd’hui et suffisamment identifié dans les politiques d’habitat locales ?
A notre niveau, nous sommes persuadés que le logement accompagné est un dispositif d’avenir pour l’ensemble des publics ayant des difficultés à accéder ou à se maintenir dans le logement. La Ville de Vitrolles soutient donc ce type de produit et souhaite le développer. Ainsi, parallèlement à l’ouverture du FJT, la Ville travaillé avec l’AAJT, la DRJSCS à l’ouverture d’une Maison relais (d’ailleurs en partie sur un ancien site du précédent FJT). Cette Maison relais a permis, par un travail fin mené, notamment, lors de commissions locales en lien avec le SIAO, le CMP, le CCAS, d’apporter des solutions aux publics fragilisés, notamment les bénéficiaires de minima sociaux (RSA et AAH).
Vous avez déjà d’autres projets en cours d’élaboration ?
Nous souhaitons être ressources et forces de proposition pour accueillir d’autres types de dispositifs de logement accompagnés qui répondent à des problématiques identifiées collectivement dans le cadre de l’analyse des besoins sociaux : logements pour personnes porteuses de handicap, pour les séniors, les majeurs protégés… Globalement, notre volonté est de porter un regard attentif aux publics en situation de vulnérabilité et contribuer à développer des projets spécifiques pour répondre aux besoins émergents avec réactivité. Fort de notre connaissance du terrain et de notre vision partenariale, notre ambition est de proposer par le biais de ces « outils » sécurisants actuels, à venir, de la stabilité et aider ces publics à s’accomplir dans leur vie.