Dans le cadre du magazine Action habitat et d’un article sur le plan de traitement des FTM, l'Unafo donne la parole à Sandrine Cordeiro-McGrath, Déléguée Générale de la CILPI
Le plan de transformation est un formidable effort collectif
Quel bilan dressez-vous de ces 25 ans du PTFTM ?
Je mesure le chemin parcouru depuis 1997. Sur les 688 structures inscrites au plan au fil des ans, 564 ont été « traitées », c’est-à-dire soit transformées, vendues ou démolies pour atteindre un taux de réalisation de 82% et la création de 69 518 places en résidence sociale – soit un rythme de 2800 places par an. Au total, ce sont 2,8 milliards d’euros qui ont été investis au gré des alternances politiques : c’est un formidable effort collectif qui a mobilisé les pouvoirs publics, les services locaux de l’Etat, les bailleurs et bien sûr les gestionnaires.
Comment donner un nouvel élan à ce plan ?
La volonté partagée avec le gouvernement est de mettre un coup d’accélérateur sur les 5 ans qui viennent. Le plan a un rôle majeur à jouer dans la politique du Logement d’abord car les résidences sociales offrent des logements tremplins dotés d’un accompagnement social qui permettent à des publics fragiles de se stabiliser et de se projeter vers un logement libre et pérenne. A cet égard, les actions d’accompagnement social financées par le ministère de l’intérieur et des Outre-mer soutiennent utilement le projet social des résidences. Entre 2016 et 2021, la moitié des places créées en résidence sociale sont venues du PTFTM, c’est considérable et il faut poursuivre sur notre lancée : il nous reste environ 150 structures à traiter, dont 25 qui ont déjà été traitées au début des années 2000 mais de façon insuffisante et avec un vrai besoin de rénovation.
Il existe encore des freins à lever : fonciers, financiers, politiques…
Ce sont évidemment des opérations d’une grande complexité qui nécessitent parfois de créer deux résidences sociales sur un même territoire pour reconstituer les places du foyer d’origine. On peut comprendre la résistance de certains élus très sollicités par la création de logement social et qui voient encore dans ces dispositifs des îlots de précarité. Il faut poursuivre le dialogue et la pédagogie pour montrer que les résidences sociales, notamment celles issues des anciens FTM, sont vectrices de développement local : la CILPI et la DIHAL ont d’ailleurs signé une convention avec l’Unafo pour élaborer des outils pour renforcer la communication sur le rôle positif des résidences sociales dans les territoires. Ces outils s’appuient sur une étude qui montre ainsi que chaque euro investi dans la construction d’une résidence sociale génère en moyenne 1,60 euro de retombées économiques directes et que chaque euro dépensé dans son exploitation génère 4,50 euros de retombées indirectes (fournisseurs) et induites (consommateurs).
Quels sont les autres leviers que vous souhaitez actionner ?
Nous allons proposer de repenser la gouvernance et remobiliser les services de l’État au national comme en local afin de faire du PTFTM une priorité dans le dialogue de l’État avec les collectivités. Du côté des financements, nous travaillons au maintien de l’enveloppe annuelle consacrée au PTFTM, et à mobiliser tous les financements disponibles de l’État, notamment ceux permettant aux résidences sociales en besoin actuel de reconstruction d’avoir à nouveau accès au financement dédié du PTFTM. L’avenir se complexifie avec la hausse du coût des énergies qui peut obérer les capacités d’investissement des gestionnaires : nous allons donc essayer d’élargir et d’assouplir les possibilités d’accès au financement pour l’investissement.
* CILPI : Commission interministérielle pour le logement des populations immigrées
** PALULOS : prime à l’amélioration des logements à usage locatif et à occupation sociale