Une fois n’est pas coutume, le 19 septembre, le logement était au cœur des attentions en Europe. Tout d’abord avec la publication par la Feantsa et la Fondation Abbé Pierre de leur 9ème « Regard sur le mal logement en Europe » qui souligne une crise sans précédent du sans-abrisme. Le même jour, Dan Jørgensen, ministre danois, était proposé comme premier commissaire européen en charge du Logement et de l'Énergie. Ces deux actualités viennent souligner l'ampleur de la crise du logement qui secoue l'Europe et la nécessité d'une réponse forte et coordonnée à l'échelle européenne.
Une crise du sans-abrisme sans précédent
Selon le 9ème rapport annuel de la Feantsa et de la Fondation Abbé Pierre, près de 1,2 million de personnes étaient sans-abri en 2023 et parmi eux 400 000 enfants. Ce chiffre, basé sur une nouvelle méthodologie plus fiable, montre une hausse alarmante du sans-abrisme, impactant particulièrement les enfants. Ce ne sont ainsi pas moins de 14,5 millions d’enfants qui vivent dans des logements insalubres dans toute l’Europe, une situation aux répercussions dramatiques sur leur santé et leur éducation.
Face à ces chiffres, le rapport émet plusieurs recommandations pour le Plan européen pour le logement abordable, annoncé par Ursula von der Leyen. Ces recommandations incluent notamment la régulation des marchés immobiliers privés, la production de logements publics et coopératifs, et une simplification de l’accès aux financements européens pour les acteurs locaux. La Feantsa et la Fondation Abbé Pierre insistent également sur la nécessité de prioriser les populations les plus vulnérables, notamment les sans-abri et les réfugiés.
Dan Jørgensen, un commissaire dédié au Logement pour piloter le Plan européen pour le logement abordable
C’est dans ce contexte que Dan Jørgensen, ancien ministre danois de l’Énergie et du Climat, est nommé premier commissaire européen au Logement. Il aura notamment pour mission de piloter le Plan européen pour le logement abordable, qui vise à répondre à la crise actuelle que connaissent la France et ses voisins européens tout en intégrant les enjeux de la transition énergétique. Dan Jørgensen sera chargé de lever les freins à l’investissement pour la production de logements abordables et la rénovation du parc immobilier, dans la lignée du Pacte vert européen.
Sa nomination suscite à la fois de grands espoirs et de nombreuses interrogations. Le secteur du logement espère que cette nouvelle fonction permettra de mieux coordonner les efforts à travers l’Europe pour accroître l’offre de logements sociaux, réduire les coûts de construction, et garantir des solutions durables. Toutefois, l’association de ce portefeuille à celui de l’énergie surprend certains observateurs, qui redoutent que la question du logement ne soit reléguée au second plan derrière les objectifs énergétiques.
Quels impacts pour la France et le logement accompagné ?
Dans un contexte politique incertain, et alors que le logement peine à figurer au chapitre des priorités du Gouvernement français, espérons que ces évolutions au niveau européen puissent avoir des répercussions sur notre secteur. Si la pénurie de logement abordables en France va croissante et que malgré les ambitions du plan Logement d’abord le nombre de personnes sans domicile et mal logées reste trop important, les recommandations de la Feantsa, notamment en matière de simplification des financements européens, pourraient faciliter la mise en œuvre de projets de logement social.
Les acteurs du secteur du logement, comme les bailleurs sociaux, peuvent espérer que ces initiatives faciliteront l’accès aux Fonds européens pour le développement régional (Feder), souvent jugés trop complexes à mobiliser. Par ailleurs le Logement accompagné pourrait également être renforcé par les financements européens issus du Plan pour le logement abordable.
Le Plan européen pour le logement abordable et la nomination de Dan Jørgensen apportent donc une lueur d’espoir pour la lutte contre le sans-abrisme et le mal-logement en Europe. Cependant, pour être véritablement efficace, cette politique devra mobiliser à la fois les acteurs européens et locaux, en mettant les besoins des plus vulnérables au centre des priorités.