Yann Cadren est responsable de résidences à l’ALJT à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis. Il revient pour l'Unafo sur son parcours au sein de l’association et sur le rôle qui est le sien au quotidien.
« Être responsable de résidences, c’est gérer l’individuel, le collectif… et le stress »
Yann Cadren ( en pull noir sur la photo ci-dessus)
- Comment êtes-vous arrivé à l’ALJT ?
Après mon bac, j’ai fait une maîtrise en sciences politiques à Rennes tout en continuant à travailler à côté, notamment en tant que surveillant en internat dans un lycée. C’est là que m’est venue l’envie de travailler auprès du public jeune : ne trouvant rien en Bretagne, je suis monté à Paris où j’ai commencé par faire du bénévolat au Secours Populaire. J’ai postulé à l’ALJT et je suis arrivé en janvier 2006 dans la résidence de Fontenay-aux-Roses.
- Quel souvenir gardez-vous de ce premier contact ?
A l’époque, cette grande tour située dans un quartier un peu tendu ne donnait pas forcément envie. Le bâtiment était assez impressionnant avec ses 250 logements, ses cuisines et ses sanitaires collectifs. Mais la mixité des publics m’a plu, et aussi le côté très polyvalent et très varié des missions. Il y avait une restauration collective qui permettait aux résidents de se rencontrer et de ne pas manger seuls. Et puis il y avait bien sûr cette équipe qui donnait sans cesse le meilleur d’elle-même.
- En tant que chargé de suivi de clientèle, vous étiez le premier contact des futurs locataires…
Oui, ma mission était de présélectionner les candidats, de leur faire passer un entretien, puis de valider ou non leur candidature selon les critères vus en amont avec l’équipe – notamment la mixité nécessaire à la réussite du projet social de la résidence. Il y avait aussi un volet de suivi des impayés. J’ai fait ça pendant 3 ans à Fontenay-aux-Roses puis un peu plus de 6 ans à Saint-Ouen.
- En 2017, vous êtes-devenus responsable de résidence : pas trop dur de manager les collègues avec qui vous travailliez depuis des années ?
J’avais déjà occupé le poste en intérim lors du congé maternité de la directrice d’établissement de l’époque. J’avais repris mon travail à son retour mais lorsqu’elle a annoncé qu’elle partait pour un autre poste en interne, je suis allé voir mes collègues et je leur ai demandé ce qu’ils penseraient si je postulais : ils m’ont tous dit d’y aller, alors j’ai foncé.
- Quel a été le plus gros changement ?
Le niveau de responsabilité change forcément, surtout avec deux foyers de jeunes travailleurs ainsi qu’une résidence jeunes actifs en mobilité à gérer – soit 3 sites, 350 personnes logées et 11 salariés. Mon travail est d’accompagner les équipes pour qu’elles puissent bien accompagner les résidents. Je dois les mettre dans de bonnes conditions, être en soutien dès que nécessaire. Je suis toujours en relation avec les jeunes, mais plus en première ligne : c’est d’ailleurs plus simple quand il faut intervenir en cas de problème, la distance et l’affect ne sont pas les mêmes.
- Avec la hausse de la précarisation, les situations tendues sont plus fréquentes ?
C’est vrai que l’on a de plus en plus de jeunes précaires, à qui l’on propose des emplois toujours moins stables et moins rémunérés. Pour ceux-là, il faut commencer l’accompagnement très tôt pour éviter les ruptures de parcours. Mais il n’y pas forcément de lien entre cette précarité et les tensions. On a beaucoup de jeunes en difficulté qui luttent pour payer leur redevance, et parfois, les difficultés peuvent venir des jeunes actifs plus installés.
- Comment on s’adapte à ces multiples situations ?
Être responsable de résidence, c’est gérer l’individuel, le collectif, le quartier, le bâti et plus encore. C’est parfois difficile de sortir du quotidien car on est pris tout le temps mais c’est pour ça que je m’efforce de rendre mes équipes le plus autonomes possibles. Et puis j’essaie de garder un regard sur l’extérieur : j’avais fait une formation au CNAM en tant que responsable d’association, j’ai suivi récemment une formation à l’Unafo sur la gestion des impayés, on échange régulièrement sur les évolutions du secteur au sein de l’ALJT… C’est important d’être en veille pour pouvoir transmettre les bonnes informations à nos équipes.
- En conclusion, quelles sont pour vous les qualités nécessaires pour ce poste ?
Il faut être polyvalent, dynamique, très disponible… et avoir une bonne résistance au stress.
Son parcours en quelques dates
Naissance à Lannion en Bretagne
Baccalauréat ES
Maîtrise en Sciences Politique à l’Université Rennes 1
Arrivée à Paris
Rejoint l’ALJT en tant que chargé de suivi de clientèle à la résidence pour jeunes travailleurs de Fontenay-aux-Roses.
Rejoint la résidence de Saint-Ouen Dhalenne
Fait l’intérim pendant 6 mois de la directrice d’établissement lors de son congé maternité
Est nommé Responsable de Résidence
« Mon travail est d’accompagner les équipes, de les mettre dans de bonnes conditions pour qu’elles puissent à leur tour bien accompagner les résidents ».